Votre bouche parle de votre santé globale


«  Si ton œil est malade, soigne ta tête, mais ne néglige pas ton corps entier » affirmait déjà  Hippocrate, le père de la médecine occidentale. C’est dans cette approche holistique que nous vous proposons  d’aborder  les problèmes bucco-dentaires lorsque ceux-ci s’installent dans la chronicité.

 

La sphère buccale est non seulement une ouverture sur le système digestif mais elle est également un fidèle indicateur de l’état général de notre santé.
Observons ensemble les principaux problèmes rencontrés en bouche et tentons de les améliorer grâce à des solutions globales.

Caries et immunité

Le premier motif de consultation en cabinet dentaire concerne les caries.

Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) 60 à 90% des enfants scolarisés dans le monde et près de 100% des adultes ont des caries (chiffres de 2012.)

Même si la prévalence de celles-ci tend à baisser, grâce à une meilleure hygiène bucco-dentaire, il n’en reste pas moins vrai qu’elles occasionnent beaucoup d’inconvénients (douleur, fragilité de la dent, infiltration possible, à terme, des matériaux constituant les amalgames ou les résines)  et apparaissent même chez de très jeunes enfants.

La carie dentaire est une atteinte soit de la structure minérale de la dent (émail) , soit de la structure organique (dentine, couronne ou racine.)

L’accumulation de plaque dentaire, pâte blanchâtre et collante, véritable réserve de bactéries cariogènes, est la première responsable des caries. En fait, la plaque dentaire se crée en plusieurs étapes.  En premier lieu, se forme une pellicule à partir des composés protéiques de la salive  et des résidus alimentaires. Cette première couche  laisse alors l’opportunité à des bactéries, (généralement de type streptocoques) présentes en bouche, de pouvoir se fixer. Dans un second temps, d’autres  bactéries vont profiter de cette occasion, qui leur est offerte, pour se fixer  à la plaque en cours de formation. À ce stade, c’est une matrice composée de protéines et de sucres qui se trouve en bouche et qui servira à nourrir les bactéries cariogènes.

Il est notoire que les brossages dentaires insuffisants ou mal effectués contribuent à cette accumulation de plaque, surtout si le sujet consomme beaucoup de sucres raffinés. Car en se décomposant ces sucres produisent  des acides agressifs qui s’additionnent aux acides organiques produits par les micro-organismes de la plaque, acides qui attaquent l’intégrité de la dent par dissolution.

Cette plaque se forme également sur la langue, qui au réveil peut être enduite d’un dépôt dont l’épaisseur et la couleur varient en fonction de la nature des déchets exogènes (aliments en voie de décomposition et bactéries) et endogènes (toxines digestives éliminées.)

Aussi, deux ou trois passages doux sur la langue, le matin à jeun, d’un gratte-langue en inox, permettent d’éliminer dépôts et mucosités  responsables de la mauvaise haleine. Cette action contribue également à  limiter la formation de la plaque dentaire. Le gratte- langue fait partie des pratiques ancestrales ayurvédiques dont l’utilisation est plus adaptée qu’une petite cuillère ou une brosse à dents.

 

Face aux bactéries cariogènes contenues dans la plaque dentaire,  notre programme de protection et de sauvegarde de la santé bucco-dentaire existe bel et bien. L’émail est le tissu le plus dur et le plus minéralisé  que possède le corps humain. Son composant principal, l’hydroxyapatite est plus dur que l’acier.

La salive, dans ses nombreux composants, possède à la fois une flore composée de micro- organismes protecteurs ainsi que toute une batterie de cellules immunitaires capables de neutraliser bactéries, virus et champignons.

 

En cas de caries, le chirurgien-dentiste est légitimement focalisé sur le nettoyage et l’obturation de la cavité créée par la carie. Mais il faut savoir que cette intervention traite la  conséquence et  non la cause  des infections dentaires.

Aussi,  si les caries se multiplient, c’est bien du côté du terrain qu’il faut porter son regard, car cela pourrait signifier que le système immunitaire est affaibli ou encore  que des problèmes de minéralisation se font jour.

Le lien entre le microbiote intestinal (anciennement  nommé flore intestinale), la muqueuse intestinale et le système immunitaire est désormais clairement établi par la communauté scientifique.

Ainsi une dysbiose ou déséquilibre du microbiote intestinal, qui se traduit cliniquement par des ballonnements,  des gaz voire des douleurs abdominales, protègera moins bien la précieuse barrière entre le monde extérieur et  le milieu intérieur.

Une alimentation industrielle, hyper raffinée, gavée d’additifs en tous genres, ainsi qu’une insuffisance de mastication en sont les principales causes.

À terme, l’intégrité de la barrière intestinale peut être atteinte. Cela peut occasionner le passage de molécules alimentaires mal dégradées, d’antigènes ou de pathogènes.  Les gendarmes (les agents du système immunitaire) qui stationnent de façon majoritaire dans le secteur intestinal auront fort à faire  avec ces hôtes indésirables. Mobilisés ainsi, ils seront « surmenés » et moins efficaces pour protéger l’environnement bucco-dentaire.

Pour rendre son efficacité à notre système immunitaire, quelques gestes d’hygiène de vie simples s’imposent en plus, bien sûr, des actions locales (brossage efficace après chaque repas et détartrage régulier chez le dentiste). Une nourriture  la plus naturelle possible, donc non raffinée, et faisant la part belle aux végétaux (fruits de saison cueillis à maturité, légumes variés et de saison, légumineuses, oléagineux) ainsi qu’une bonne mastication sont les gages de bons apports en micro nutriments essentiels pour une bonne immunité. En hiver, l’apport de vitamine C et de vitamine D3 sont également de bons soutiens  à notre système de défense.

Encadré sur le microbiote buccal

Depuis quelques décennies la science a découvert que nous étions plus bactériens que cellulaires. En effet, nous possédons environ 10 fois plus de bactéries dans le corps, dans le tube digestif et particulièrement dans le colon, au niveau de la muqueuse buccale et vaginale pour les femmes et sur la peau, que de cellules. Ces bactéries associées à d’autres micro-organismes comme les levures sont réunies en populations pour former le microbiote. Leur rôle principal est de protéger les barrières avec l’extérieur.

La première porte de communication avec l’environnement extérieur est la cavité buccale. À ce titre, la bouche possède une population d’environ 10 à 20 milliards de micro-organismes représentés par 700 espèces différentes. Lorsque cette population de l’infiniment petit vit en harmonie, elle protège les dents, les gencives et la muqueuse buccale contre les bactéries pathogènes responsables des caries et  de l’inflammation  de la gencive. À contrario, le tabac, l’alcool, les aliments raffinés, les sucres ajoutés et de synthèse, les sodas en tous genres et certains médicaments comme les antibiotiques  ont une action dommageable sur nos bonnes bactéries buccales.

Dans le cas d’un déséquilibre du microbiote oral (de la bouche), non seulement c’est la porte ouverte au développement de bactéries pathogènes responsables de caries, mais également de gingivites et de déchaussement de dents.  Cette dysbiose peut aussi perturber les autres microbiotes  et créer des infections à distance.  

Au niveau du microbiote, tout est question de compétition et d’équilibre.

Lorsque la place n’est plus occupée par les bonnes bactéries ou les bactéries commensales, (bactéries neutres abritées par notre organisme) des bactéries pathogènes,  des levures ou des champignons responsables de mycoses buccales (muguet),  voire d’aphtes ou d’états inflammatoires  peuvent se développer.

Dans les cas majorés, la prolifération de  streptocoques, germes très agressifs,  peut atteindre des sites distants  et endommager les enveloppes et valves cardiaques (endocardite), favoriser ou générer des AVC, augmenter les risques de polyarthrites rhumatoïdes ou encore des infections pulmonaires.  En effet, comme le souligne le chercheur New Yorkais Peters Brandilyn,  " Les bonnes bactéries orales peuvent aussi réduire les nitrates en nitrites, ce qui est important pour maintenir un haut taux sanguin d'oxyde nitrique bénéfique pour la santé vasculaire ", précise le chercheur.

Certaines sont même impliquées dans les cancers, le même chercheur souligne " Les bactéries buccales, selon leur fonction, peuvent ou protéger ou augmenter le risque de cancer. Par exemple, des bactéries buccales peuvent activer des carcinogènes liés à l'alcool ou à la cigarette ou au contraire dégrader des composés toxiques en formes moins toxiques. " Ces activités sont liées à la nature des bactéries, bénéfiques ou pathogènes.

 

La flore buccale s’entretient avec une alimentation non raffinée et la plus exempt possible de sucres ajoutés. En revanche, il n’est pas pertinent d’utiliser quotidiennement  des produits de rinçage contenant des antiseptiques qui risquent de détruire les bonnes bactéries et de favoriser le développement des mycoses buccales.

Nous suggérons d’utiliser, en lieu et place, quelques huiles essentielles qui respecteront l’équilibre de notre microbiote tant buccal qu’intestinal.

 

Nous proposons le mélange suivant pour l’adulte :

Dans un petit flacon de 10 ml mettre :

  • 15 gouttes d’huile essentielle de Tea Tree
  • 5 gouttes d’huile essentielle  de giroflier
  • 8 gouttes d’huile essentielle de menthe poivrée
  • Compléter avec de l’huile végétale de sésame ou un extrait lipidique de millepertuis pour remplir le flacon de 10ml.

De ce mélange, prélever quelques gouttes à appliquer sur les gencives avec le doigt après le brossage des dents ou sur la brosse à dents pour un second brossage assez rapide et sur les brossettes interdentaires si vous en utilisez.

Pour les enfants de moins de 7 ans il y a lieu de se limiter à l’huile essentielle de Tea Tree, 30 gouttes pour 10 ml d’huile végétale, en application sur les gencives et les dents.

Gingivite, parodontite et inflammation de la muqueuse intestinale

La terminaison en « ite » nous signale toujours que nous parlons de pathologie inflammatoire.

La gingivite concerne plus de 3/4 des personnes entre 35 et 45 ans et plus de la moitié des adolescents de plus de 15 ans, d’après l’OMS.

Les raisons initiales sont  souvent mécaniques, tartre sur la surface des dents y compris sous la gencive.  Si la gingivite, à ce stade, n’est pas traitée, elle risque d’évoluer vers une parodontite qui peut détruire les ligaments de soutien de la dent dans son alvéole, puis l’os qui maintient les racines dentaires. L’os disparaît alors que le niveau de la gencive reste constant, entrainant ce que les professionnels appellent une poche gingivale qui devient un lieu favorable à la rétention et au développement des bactéries.

Nous venons de décrire la cause mécanique. Mais en réalité dans le cadre d’une approche globale beaucoup de paramètres sont liés. 

Ainsi, une déficience immunitaire telle que celle décrite à propos des caries peut être un facteur aggravant au niveau des poches gingivales où prolifèrent les bactéries.  

De même, lorsque l’inflammation des gencives  s’installe dans le temps, nous pouvons légitimement envisager que l’état inflammatoire ne touche pas que le local. En réalité, l’ensemble des muqueuses communiquent et cela dans les deux sens. L’inflammation de la muqueuse buccale peut perturber la muqueuse intestinale, mais l’expérience nous  montre que l’inverse est également vrai. Par conséquent, prendre soin de sa muqueuse intestinale en plus de la muqueuse buccale est une bonne stratégie, surtout pour les sujets ayant des inflammations chroniques.

Pour cela, il est important de veiller à avoir  un bon équilibre de la flore intestinale protectrice de la muqueuse ; de bien mastiquer pour éviter que des molécules alimentaires mal dégradées stagnent en regard de la barrière intestinale, entraînant fermentations et putréfactions ; de repérer et d’éviter de consommer des aliments occasionnant des  intolérances ou des allergies alimentaires (gluten, lactose, œufs, etc.) Ces derniers ne feraient, effectivement, que créer et entretenir une inflammation intestinale chronique.

La consommation régulière de poissons gras et d’huiles de première pression à froid, utilisées en assaisonnement, riches en oméga 3 (lin, cameline, colza) permet d’amener des molécules régulatrices de l’inflammation.

Équilibre acido-basique et déminéralisation

Lorsque notre terrain s’acidifie, afin de préserver son intégrité, notre biologie est contrainte de puiser dans ses réserves minérales pour  conserver un équilibre acido-basique indispensable à sa fonctionnalité. Or, comme nous l’avons déjà souligné, notre dentition est d’une grande richesse minérale. Aussi, en cas d’acidose métabolique, notre corps ayant déjà épuisé les bases circulantes, calcium, magnésium, potassium, il puisera dans les phanères (ongles, cheveux, dents)  puis dans les minéraux contenus dans  les os.  Aussi les dents, en cas de terrain acide, deviennent plus fragiles et plus vulnérables aux attaques bactériennes.

Dans cette situation, les chirurgiens-dentistes peuvent alors observer la présence de tâches typiques, blanches et crayeuses, sur la surface de la dent, signe d’un début de déminéralisation, phénomène encore réversible à ce stade.

Dans le cadre d’une approche de terrain, l’objectif consistera à rétablir un bon équilibre acido-basique. Pour cela, nous proposerons d’augmenter la consommation d’aliments riches en bases comme les légumes  et les jus verts, les oléagineux (olives, sésame ou fèves de cacao) les pommes de terre, les bananes et de diminuer les aliments acidifiants, tels que les sucres ajoutés et les protéines animales, dont la consommation doit se limiter à une ration par jour chez l’adulte et idéalement jamais le soir. Enfin, il est important de remplacer les céréales raffinées, incluant le pain, les pâtes et le riz par leurs homologues en version complète ou semi complète.

Notons que le local peut parler du général car la perte osseuse dans la mâchoire inférieure comme les déchaussements de dents peuvent être un indicateur précoce de l’ostéoporose.

La salive et ses fonctions

Il est toujours interpellant de savoir que nous produisons de 1 à 1,5 titres de salive par jour. Le premier rôle de la salive est de lubrifier le bol alimentaire pour en  faciliter sa progression dans le tube digestif.

La salive possède des enzymes digestifs avec, en l’occurrence, l’amylase salivaire qui démarre la digestion des sucres complexes.

Elle agit également comme un tampon face à l’acidité buccale. En effet, il est constaté que les personnes sous traitements médicaux (antidépresseurs, antihistaminiques ou décongestionnants nasaux), qui voient la volumétrie de leur débit salivaire diminuer, sont plus exposées aux risques cariogènes et aux affections gingivales.

La salive travaille de concert avec le microbiote oral,  à la fois parce qu’elle le protège grâce au lysozyme (protéine immunitaire) mais également parce qu’elle possède des anticorps qui jouent un rôle de défense vis à vis des agressions extérieures.

Enfin, de par sa richesse minérale en calcium et phosphates, la salive permet de nourrir l’émail et de lutter contre les micro-traumatismes, comme ceux occasionnés par les acides alimentaires.

L’halitose et les troubles digestifs

L’halitose ou mauvaise haleine occasionne des désagréments réguliers dont les dentistes sont souvent témoins.

S’il est assez facile d’utiliser des couvertures olfactives avec les huiles essentielles, il n’en reste pas moins vrai qu’il faut s’interroger sur l’origine de cette problématique.

La consultation chez un praticien permettra de traiter les éventuelles origines locales  telles que caries, bourrages dentaires, abcès et diverses infections et/ou inflammations bucco-dentaires. Si le problème persiste il sera alors nécessaire de s’occuper du terrain.

Dans cette alternative, l’halitose est très souvent liée à des problèmes digestifs en lien avec des problèmes intestinaux ou une surcharge hépatique.

Ayant déjà abordé l’hygiène intestinale disons juste quelques mots pour agir sur les surcharges hépatiques.

La phytothérapie et l’aromathérapie ont fait leurs preuves pour drainer le foie. Il est bon également d’ajouter que du point de vue de l’hygiène de vie, les diètes, les mono diètes et encore mieux la pratique du jeûne permettent de mettre le foie dans un environnement des plus favorables pour qu’il puisse  éliminer les toxiques et les toxines.

Le mot de la fin

Si votre bouche parle de votre santé globale, prendre soin de son terrain sera toujours la meilleure solution pour prévenir les problèmes bucco-dentaires chroniques.


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